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À quoi ressemblerait une commune neutre en carbone?

Dernière mise à jour : 1 févr. 2023

Contexte

Aujourd’hui, la neutralité carbone est au cœur des débats, que ce soit au niveau mondial, national, cantonal, communal ou individuel. La neutralité carbone se définit comme un état d'équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine et leur retrait de l'atmosphère par l'homme ou de son fait, à l'intérieur d’un périmètre donné. Cet article se concentre sur la neutralité carbone à l’échelle communale et donne des pistes de réflexions sur les questions suivantes : À quoi pourrait ressembler la vie dans une commune neutre en carbone? Pourquoi vouloir atteindre la neutralité carbone et quelles sont les stratégies pour y parvenir? Qu’est ce que la neutralité carbone implique concrètement, secteur par secteur?


Imaginer

Afin d’imaginer à quoi pourrait ressembler une vie dans une commune en 2050, nous allons nous plonger dans la vie de Clémence et Hugo.

Tous deux ont la quarantaine et vivent dans un petit village de 1’200 habitants, dans la campagne vaudoise. Depuis leur enfance, la société a bien changé. Nous vous proposons de les suivre durant une journée :


28 Juin 2050

C : “Bonjour mon chéri, comment as-tu dormi cette nuit ?”

H : “Mieux que les nuits précédentes car il faisait un peu moins chaud. On a eu de la chance d’avoir de la pluie cette nuit, tu as entendu ?”

C : “Oui ! Il y en avait bien besoin. On va continuer à aérer la nuit et fermer la journée pour essayer de garder la maison la plus fraîche possible.

H : “Oui ça aide bien. Allons prendre notre déjeuner, j’ai le ventre qui gargouille!”


Clémence et Hugo se préparent et descendent dans leur cuisine et salon pour leur déjeuner. Là, ils retrouvent Pierre et Ariane, avec qui ils partagent leur maison. Le partage de logement est une pratique courante en 2050. Les avantages sont multiples (moins d’artificialisations des sols, plus de liens sociaux, plus d’entraides, plus de pouvoir d’achat pour les citoyens, diminution de l’empreinte carbone de la construction…) et des programmes ont fleuri pour rendre ce mode de vie attractif.


H & C : “Hello !”

A : “ Salut ! J’espère que vous allez bien ! J’ai réservé une des voitures partagées de la commune aujourd’hui pour faire une commission, avez-vous besoin de quelque chose ? "

C : “Hugo, tu ne voulais pas amener à réparer des objets ?”

H : “Ah oui, c'est juste ! C’est le mixer et mon second vélo qui ont besoin d’une réparation. Serais-tu d’accord de les amener à la ressourcerie pour qu’ils les réparent ?” A : “Sans soucis ! Je voulais aussi y passer, car j’ai reçu le nouveau module pour améliorer mon téléphone. J’apporterai aussi ton mixer et ton vélo. En échange, ça vous dirait de préparer le repas de ce soir ?” H : “Oui bien sûr, merci !”


Après leur petit déjeuner, Clémence part en vélo électrique pour la gare de Cossonay-Penthalaz où elle prend le train pour son travail à Yverdon. Ce trajet est beaucoup plus pratique pour elle depuis que les CFF ont aménagé dans tous les wagons un espace pour les vélos et qu’ils ont augmenté la fréquence à un train toutes les 15 minutes. En effet, elle peut prendre gratuitement son vélo avec elle dans le train. De toute manière, il n'y a plus vraiment l’option de prendre une voiture individuelle car le prix est devenu rédhibitoire et son entreprise a un plan de mobilité qui l’incite fortement à utiliser des transports bas-carbone pour venir au travail. Depuis une dizaine d'années, il n’est plus possible d’acheter de voitures thermiques car la Suisse s’est alignée avec l’Union européenne sur leur interdiction, et la grande majorité des voitures qui roulent encore en Suisse sont désormais électriques. En effet, en raison des pénuries de matériaux nécessaires pour la fabrication des voitures, il y a globalement moins de voitures et plus de place pour d’autres formes de mobilités.

Arrivée à son travail, Clémence échange avec son collègue Sébastien sur le prochain appel d’offre auquel ils doivent répondre.


S : “Tu as vu la grille d’évaluation pour l’appel d’offre ? Ils mettent peu de poids sur le prix et tout le reste est en lien avec la qualité de la prestation et les critères de durabilité.”

C : “Oui ça ne m’étonne pas, pratiquement toutes les communes mettent un poids important sur les critères extras-financiers maintenant. Ça améliore nos chances d’avoir le mandat étant donné les efforts que nous avons faits dans ces domaines.” S : “Oui enfin, on ne devrait pas se réjouir trop vite, car nous sommes loin d’être les seuls à avoir cette position. En réalité, je ne pensais pas qu’il y avait un poids aussi fort sur la durabilité, c’est peut-être un peu excessif.”

C : “En tout cas ça nous force à proposer des services qui vont dans ce sens et je trouve ça plutôt bien. Je ne pense pas qu’on aurait réussi à faire passer les actions dans notre plan climat interne s’il n’y avait pas ces contraintes externes.” S : “Alors ça c’est sûr étant donné le manque de motivation de certaines personnes... Moi inclus ! J’avoue que je n’ai jamais vraiment été moteur car je trouve que ça complique notre métier. Mais bon, c’est dans l’air du temps, il faut faire avec !”



L’entreprise dans laquelle travaille Clémence a, en effet, mené une démarche de durabilité ambitieuse qu’elle a réussi à traduire en actions impactantes. Politique d’achats responsables, mobilité bas-carbone, services repensés pour être alignés avec les limites planétaires : ces actions leur ont permis de réduire de plus de 90% leur bilan carbone.


Après la pause de midi, Clémence sort du bureau et va travailler au champ. Elle participe au programme de la Confédération pour assurer une main-d'œuvre suffisante à l’agriculture. Il y a un fort besoin depuis la transformation progressive du monde agricole pour utiliser moins d’énergies fossiles. Faire un travail un peu plus manuel deux après-midis par semaine plaît bien à Clémence. Après avoir passé l'après-midi à désherber une parcelle, Clémence échange avec le responsable de l'exploitation, Michael.

M : “Alors Clémence, bien passé cet après-midi ?"

C : “Oui, mais je dois dire qu’avec le soleil, c’est dur physiquement !”

M : “Je comprends, j’ai aussi peiné cet après-midi. N’hésite pas à prendre des pauses si tu as besoin et à bien t’hydrater.”

C : “Oui merci, je suis allée me poser un peu à l’ombre à un moment donné car je sentais que j’en avais besoin. ” M : “Aller, pour que tu gardes ta motivation, je t’ai apporté ton panier de légumes."

C : “Ah super, merci. Il complétera parfaitement les succulents légumes de notre jardin . Je dois dire que c’est satisfaisant de se dire que j’ai un peu contribué à tout ça.”

M : “C’est un panier bien mérité !”


De son côté, Hugo a le temps d’aller faire des courses pour préparer le repas de ce soir, il finit tous les jours à 15h30 étant donné qu’il travaille à 80%. Le travail à temps partiel est devenu la norme. Cela a permis d’augmenter la qualité de vie et d’aider à résoudre plusieurs grands problèmes, notamment de lisser la demande de mobilité en heure de pointe. Hugo passe par chez lui pour regarder une recette dans son livre de recettes “Bon pour moi, bon pour la planète”, pour mettre de l’eau à chauffer dans le four solaire, et se rend dans son épicerie en vrac de quartier avec ses contenants. Cette épicerie se fait directement livrer par les producteurs locaux et l’ensemble des produits sont biologiques. Une fois les courses faites, il les met dans ses sacoches de vélo et rentre pour se mettre en cuisine. Vers 19h, Clémence, Pierre et Arianne rejoignent Hugo, ils vont partager ensemble ce repas, et passer une belle soirée dans leur jardin.


Nos personnages sont heureux, malgré un époque marquée de grands défis sociétaux. Leur stratégie de participer à des communautés personnelles ou professionnelles semble être une de celles qui a le plus de succès. Ils ont fait partie des personnes qui ont su le mieux s’adapter aux contraintes d’une société en plein changement. Malheureusement la neutralité carbone au niveau mondial n’a pas été atteinte, principalement en raison des inerties considérables des systèmes socio-économiques mondiaux. Mais des progrès considérables ont été faits grâce à une pression constante de la part de nombreux acteurs sociétaux. Les conséquences du dérèglement climatique sont sévères mais les pressions sur le climat ont été fortement réduites au niveau mondial et la société humaine semble se diriger vers un avenir viable. Clémence et Hugo y participent à leur échelle et y trouvent du bien-être et du sens.


Contexte des objectifs climatiques internationaux, nationaux et cantonaux


Nous allons maintenant essayer de comprendre le contexte qui nous a amené à imaginer ce récit et notamment les objectifs internationaux, nationaux et cantonaux qui ont été fixés et les stratégies qui ont été déclinées pour répondre aux défis actuels.


Pour limiter le réchauffement climatique et éviter ses pires conséquences pour le vivant et les sociétés humaines, il faut diminuer considérablement nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 (de l’ordre de 90-95%!). Dans ce sens, les États ont déterminé un objectif commun lors de la COP21 à Paris : réduire les émissions dans le but de limiter le réchauffement planétaire bien en dessous de 2°C.


Chaque État est ensuite responsable de mettre en place une stratégie afin de contribuer à cet objectif planétaire. La stratégie de la Suisse est d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050, ce qui signifie atteindre un état d'équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine et leur retrait de l'atmosphère par l'homme ou de son fait.

Une partie de la mise en œuvre étant à une échelle plus locale, chaque Canton a obtenu un budget pour permettre à la Suisse d’atteindre cet objectif. L’une des mesures que le Canton de Vaud a ensuite mis en place pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) sur son territoire est le soutien des communes de tailles petites et moyennes dans la création et la mise en œuvre d’un plan climat communal (PECC).


Une partie de la mise en œuvre de cette stratégie se fait à une échelle plus locale, plus proche des citoyen.e.s : celle de la commune. Ainsi, pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) sur leurs territoires et permettre à la Suisse de devenir neutre, de nombreuses communes vaudoises réalisent des plans climat communal (PECC).


Nous vous proposons d’analyser le bilan carbone d’une commune dans le canton de Vaud pour identifier les secteurs les plus émetteurs et présenter puis décliner une stratégie permettant d’atteindre les objectifs.



Bilan carbone d’une commune



Afin de réaliser l’état des lieux de l’impact sur le climat de la commune, il existe des outils qui permettent d’avoir une vision simplifiée des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’une commune. Dans cette analyse, les émissions directes et indirectes sont considérées, c’est-à-dire les émissions qui ont lieu sur le territoire communal mais aussi les émissions réalisées à l’étranger pour des biens et services utilisés par les citoyens de la commune. Le premier graphique ci-dessous indique la répartition par catégorie des émissions du territoire (ici une commune vaudoise rurale) : la consommation, la mobilité et l’énergie représentent à eux trois 80% des émissions. Par ailleurs, les émissions directes et indirectes représentent respectivement 30 et 70% des émissions totales.







Les étapes suivantes consistent bien entendu à mettre en place des actions pour réduire cet impact. Un prochain article de blog Alterna sera dédié aux mesures à prendre secteur par secteur pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.






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