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Un monde sans déchet ?

Dernière mise à jour : 18 nov. 2020

Que signifie un monde sans déchet ? Quels seront les impacts sur les acteurs économiques de ce secteur ?

À quoi ressemble un monde circulaire ?

Un monde circulaire, c’est un monde où aucune ressource n’est envoyée en incinération ou en décharge. C'est la transformation de notre économie linéaire en une économie qui forme une boucle circulaire, où les déchets deviennent des ressources. L’objectif de la circularité est donc de réduire à zéro la quantité de déchets non recyclés produite par chaque Suisse en réduisant les déchets produits et en réutilisant ses “déchets” comme matière première.

Pour illustrer, prenons l’exemple d’un supermarché. Actuellement, nous utilisons des sacs plastiques et des emballages pour faire nos courses. Dans un monde circulaire, les supermarchés vendraient alors leurs denrées alimentaires et non alimentaires “en vrac” (c'est -à-dire sans emballage à usage unique. Chacun pourrait venir avec ses propres contenants (bocaux, sacs, etc.) afin de prendre le produit souhaité. Ceci est un exemple simple d’une économie circulaire dans laquelle des contenants réutilisables remplacent les emballages à usage unique.


Un monde circulaire expliqué en un schéma


Quelle est la place des gestionnaires de déchets actuels dans une société circulaire ?

Actuellement, dans les activités de collecte des déchets, les matériaux sont amenés d’un lieu où ils sont jetés à un lieu où ils sont traités. Dans un monde circulaire, les matériaux doivent être amenés d’un lieu où ils ont été utilisés vers un lieu qui va les remettre en état ou les recycler.

Le métier de collecte des déchets se transformerait donc en collecte des ressources. Quelle est la différence ? C’est très similaire dans l’ensemble, mais collecter des ressources nécessite tout de même une meilleure organisation logistique que de collecter des déchets.

Prenons l’exemple des barquettes à usage unique. Dans une Suisse circulaire, les aliments actuellement contenus dans des barquettes pourraient être vendus dans des contenants réutilisables qui seraient sous caution. Ces barquettes seraient ensuite remises au repreneur une fois le contenu utilisé. La forme et les caractéristiques de ces contenants pourraient être harmonisées entre tous les vendeurs de la Suisse afin qu’elles puissent être toutes collectées et envoyées dans des centres de nettoyage ou de recyclage. Le gestionnaire des ressources devrait donc avoir une organisation logistique pour chaque type d’objets à transporter, dont les barquettes feraient partie. Par exemple, faire une tournée des supermarchés pour amener tous les types de contenants dans un centre de tri qui les renvoie ensuite dans un second temps dans les centres de recyclage appropriés à chaque contenant.

En résumé un monde circulaire signifie probablement une logistique des ressources plus complexe et de perdre la notion de "déchet". Les actuels transporteurs de produits de consommation et les collecteurs de déchets devront donc probablement s’organiser pour devenir ensemble des gestionnaires de ressources.

Les centres de tri eux verraient par conséquent leur activité sensiblement augmenter. Leur complexité augmenterait aussi, car ils devront non seulement trier ce qui doit être recyclé, mais aussi séparer ce qui peut être directement réutilisé (comme dans notre exemple où les barquettes sont nettoyées puis réutilisées, sans qu’elles doivent être broyées et reconstituées dans un processus de recyclage). Ils devront donc trier les ressources avec plus de précision, ce qui augmenterait la valeur ajoutée de cette filière.

Il est intéressant de noter que dans un monde circulaire, une grande partie de la valeur liée aux ressources utilisées ne partira plus à l’étranger, mais restera locale. Par exemple la valeur actuellement créée par les mines (d’où sont extraites les matières premières que nous utilisons) pourrait être remplacée par la valeur créée par les gestionnaires de déchets-ressources. C’est donc extrêmement positif pour l’économie locale et pour les conditions sociales et environnementales qui sont souvent bien meilleures dans les centres suisses de recyclage que dans les exploitations minières à l’étranger.

Est-ce un modèle souhaitable ? Où en sommes-nous ?

En 2018, chaque Suisse a produit environ 701 kg de déchets [1], ce qui est l’une des productions les plus importantes d’Europe. Environ 13% [2] de la matière que nous utilisons en Suisse provient de matière recyclée. Le reste, soit environ 87%, provient de l’extraction de matières premières. Par ailleurs, le taux de recyclage en Suisse se situe seulement aux alentours des 50% [3]. Nous sommes donc encore loin de l’économie circulaire.

Il faut rester conscient qu’une économie circulaire aurait malgré tout un impact sur l’environnement. Nous pouvons imaginer qu’une économie circulaire nécessite une logistique importante qui risque de générer de nombreux transports, pouvant eux-mêmes avoir des impacts négatifs sur le climat et la santé. Ceci peut être atténué en construisant une économie qui est à la fois circulaire et locale. L’économie circulaire a donc l’immense avantage de produire le moins possible de déchets et ainsi de limiter le gaspillage de nos ressources et la pollution sur l’environnement liée, mais pour faire au mieux il faut également s’assurer de l’associer à une consommation sobre et locale sitôt que l’objectif est de protéger la vie sur terre.




Sources :

[1] "Statistiques des déchets: Données de l'année 2018." https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/dechets/etat/donnees/abfallstatistiken-2018.html. Date de consultation : 1 sept.. 2020.

[2] Une première contribution de la statistique à la mesure de l’économie circulaire, OFS, Juillet 2020

[3] "Chiffres indicateurs: Swiss Recycling." http://www.swissrecycling.ch/fr/savoir/chiffres-indicateurs/. Date de consultation : 12 nov.. 2020.


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